dimanche 30 août 2015

Liens entre la dévaluation du renminbi, les T-Bond US et le QE4


Le PER est à 25,20 au 28/08 reprenant  5% depuis le 25/08 après un fléchissement de près de 9% depuis le 17/08 soit une correction normale, me semble-t-il, dans une perspective baissière. 

Trois articles de Zerohedge me permettent de revenir sur la dévaluation du renminbi, la position de la banque centrale chinoise (la PBOC) sur les bons du Trésor US et enfin la question d’un nouveau QE de la Fed.

Le 11 Août, la Chine dévalue son renminbi (CNY) perdant 4% contre le dollar soit approximativement 6,40 CNY pour un 1 USD. Une dévaluation sert globalement deux objectifs et a un effet négatif :

- En baissant sa monnaie par rapport aux devises étrangères, le pays dévaluant améliore ses prix pour les produits exportés; la conversion étant moins onéreuse, les importateurs étrangers pourront acheter ces produits en plus grande quantité.

- La dévaluation permet à la banque centrale de préserver ses devises: le taux de change étant désormais plus défavorable pour la monnaie dévaluée, celle-ci rendra la conversion plus difficile ce qui permettra à la banque centrale de diminuer la vente de ses devises. Rien n’empêche par ailleurs celle-ci de continuer à acheter des Euros ou des USD et d’abaisser son taux de change.

- La contrepartie à ces deux objectifs est qu’en dévaluant,  les importations deviennent plus onéreuses. Il faudra plus de renminbi pour acheter un produit libellé en dollar ou en Euro. Or pour avoir plus de renminbi tout en maintenant le même niveau des exportations, il faudra vendre des devises. En vendant des USD, la Chine pourra maintenir un niveau suffisant de renminbi pour continuer à financer ses imports !

En conclusion, la dévaluation tout en préservant les réserves de change tend aussi à les faire diminuer: les exportations sont avantagées par une monnaie faible mais dans le même temps les importations sont lésées par cette même monnaie faible !  

Prévoyant cette dévaluation, la Chine, avant le 11 août, vendit une grosse quantité de ses dollars sous la forme de bons du trésor (à 10 et 30 ans de maturité) (http://visionsetperspectives2020.blogspot.com/2015/08/paniquea-bord-la-chine-se-debarrasse-de.html?spref=tw).

Après  le 11 août, les ventes continuèrent avec rien moins que 106 Mds USD en «  Treasuries »  sur deux semaines soutenant son plan de dévaluation. Pour mémoire, elle avait déjà vendu 107 Mds USD de bons depuis le début de l’année ce qui avait laissé Goldman « speachless » comme le rapporte Tyler Durden de ZH.

Toujours dans le même article, un des responsables « marchés émergents » de la Société Générale nous rappelle que la Chine possédait à fin juin 1271 Mds USD de bons mais les plus liquides (T-Bills d’un an maximum et T-Notes de 5 à 10 ans) ne représentaient que 3,1 Mds USD….

Sachant que les réserves de change chinoises sont normalement liquides au 2/3 composées au 2/3 d’USD, d’1/5 d’Euros et de 10% (50/50) de Yen et de Livres Sterling, la vente de titres à 10 et 30 ans tombe sous le sens mais ceci contredit l’avis de la SocGen ! 

Par ailleurs, au vu de la forte dépréciation de l’Euro et du Yen par rapport au dollar et au renminbi, il est aussi possible que la PBOC vende également des avoirs dans ces devises.

Les réserves en bons US de la PBOC  se situent à 134% d’un niveau recommandé de 900 Mds USD (soit le quart d’un total donné à 3694 Mds USD) et ces US treasuries peuvent être vendus à tout moment pour maintenir le niveau du renmibi.  S’il y a 100 Mds de bons vendus toutes les deux semaines, on peut imaginer ce qu’il en sera dans 18 semaines d’après ZH !

Un renminbi dévalué a aussi pour principal effet de mettre sous pression à la baisse les monnaies des autres économies émergentes (les BRICS): si celles-ci veulent continuer d’exporter vers la Chine, elles devront donc baisser leurs propres monnaies de manière à ce que leurs produits maintiennent leurs compétitivité-prix. Si les BRICS baissent leurs monnaies, elles devront donc aussi se prémunir en vendant des devises pour faire face à des importations renchéries ce qui peut avoir pour effet d’accélérer la liquidation des US treasuries qu’elles possèdent aussi dans leur banque centrale.

S’il y a vente de bons du Trésor par la Chine et les autres BRICS , le cours des T-Bonds déjà émis ne pourra que fléchir ce qui de fait  augmentera leur rendement à savoir le rapport entre le taux d’intérêt de l’obligation et sa valeur. Le marché obligataire commencera à baisser ce qui rendra plus difficile le financement des entreprises mais aussi le marché des prêts immobiliers. Si les emprunteurs émettent des obligations aux montants moindres tout en maintenant les mêmes taux, cela pourrait raréfier le crédit immobilier et de nouveau impacter ce marché aux USA. Dans cette perspective, la Fed ne pourra qu’intervenir pour abaisser le taux et soulager la pression financière des emprunteurs.

La Fed pourrait aussi relever son taux directeur pour accompagner le relèvement des rendements obligataires, elle permettrait de rentabiliser le marché des emprunts tant pour les prêteurs (taux plus élevés) que pour les entreprises et les ménages (immobilier) désormais ayant accès à de plus larges montants.

Les taux de la Fed remontant, les investisseurs internationaux se précipiteraient sur les Treasuries délaissant les monnaies des BRICS ce qui aurait pour principal effet de faire baisser ces dernières.

Les banques centrales des émergeants seraient alors contraintes pour financer leurs importations de vendre de nouveau des bons US renforçant la hausse des taux d’intérêt de la Fed provoquant in fine un krach obligataire: les obligations déjà émises à taux faibles ne vaudront plus rien et la Fed sera forcée de nouveau à baisser ses taux par un QE4 !!!

Pour nous résumer, le relèvement des taux de la Fed est attendu depuis des lustres afin de relancer l’inflation et le jeu normal du marché. Toute la difficulté sera de relever les taux sans crasher le marché obligataire ni mettre en péril celui des crédits et des « commodities ».

La déflation est quasiment installée aux USA comme dans la zone Euro; la Fed remonterait-elle ses taux dans ce contexte ? Si elle les remonte, les conditions de crédit rendues plus difficiles dans un tel contexte accentueront la déflation et le S&P 500 sera impacté (comment font les investisseurs pour acheter des actions sinon en empruntant !)..

L’ombre menaçante du Q4 est bien là..

Sources:









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