2015
ou la communication du mensonge
Un
PER à 23.85 sur le S&P 500 le 29 septembre appelle une remarque de forme et
deux pré-conclusions sur le fonds. En
passant sous la barre des 24 points, le PER entame par à-coups - et cela tient
toujours de l’hypothèse - une baisse lente comparable à celle de 2007-2009 laquelle
s’était étirée de 27,55 points au 1er Mai 2007 à 13,32 au 1er
Mars 2009.
Ce
fléchissement du PER est doublement révélateur d’un dégonflement de bulle
spéculative:
-
une correction en quelque sorte de la
valeur action sur la valeur réelle de l’entreprise,
-
et un amoindrissement du profit par-delà les réductions de coûts salariaux, des
délocalisations dans les économies émergentes et la traque effrénée de
plus-values financières à travers les opérations de LBO sur fusions/scissions
et entrées en capital (principalement de start-up dans les domaines
précédemment définis « Genetic, Robotic, Information society, Nano-Technology »).
Cette
baisse du profit dans l’OCDE n’apparait pourtant pas dans les comptes des
grandes capitalisations (pour les raisons que je viens d’évoquer) mais au
travers d’un faisceau d’indices mettant en lumière l’essoufflement de
l’activité mondiale. Les cours s’élèvent à 48,35 USD le baril au 25 septembre
pour le WTI soit quasiment le plancher de janvier (46,59 USD au 13/01) et à
44,91 USD au 25/09 contre 45,15USD au 26/01 pour le Brent.
A
première vue, un cours faible peut être
corrélé à un ralentissement de l’activité mondiale. Or un tel constat
s’oppose à l’évolution de la production mondiale de brut. Prenons une période
allant de 1990 à 2014: nous constatons une augmentation par lissage de
1,20%/an. Elargissons notre perspective à l’approvisionnement global en pétrole
(incluant le gaz liquide et assimilés): nous retrouvons une progression de
1,34%/an incluant 94 millions de barils/jours attendus pour cette année. Enfin comparons
ces chiffres à la demande mondiale et nous obtenons un rythme de +1,83%/an.
Nous
devrions donc observer des cours en progression constante et de faible
volatilité mais il n’en est rien. De 1998 à 2011, la croissance du Brent/WTI a
progressé de 41,70%/an mais a chuté de 16,15%/an par lissage entre 2011 et
2014: des cours artificiels donc, manipulés par une spéculation à visée géopolitique.
Tout commentaire mettant en rapport une évolution des indices avec une
évolution de la situation économique mondiale est à la fois faux et mensonger.
Il n’y a aucun rapport de cause à effet.
Dans
cet ordre d’idées, revenons sur la situation de la Chine et notamment les
appréciations plus que douteuses sur l’évolution du renminbi et sa santé
économique.
Fixé
autour de 6,30 renminbi pour 1 USD après la dévaluation opérée début août, les
commentateurs se sont d’une part focalisés sur une confusion entre dévaluation
et dépréciation et d’autre part sur la chute des exportations chinoises.
La
dévaluation choisie par Pékin pour maintenir un niveau constant en volume et en
valeur d’exportations a été voulue pour faire obstacle in fine à toute
appréciation de la monnaie. Ainsi plus les exportations augmentent, plus le
renminbi se valorise et risque à terme d’entrainer une baisse des ventes causée
par un change onéreux pour les acheteurs. La Chine a donc dévalué non parce que
son économie va mal mais parce qu’elle va trop bien par contraste avec une
activité mondiale déclinante tant sur les zones de l’Ouest (UE et USA) que dans
la zone Asie-Pacifique, Japon en tête.
Observons
l’évolution des exportations brutes de produits chinois: celles-ci sont passées
d’une base mensuelle de 118 Mds USD en janvier 2012 à 196Mds USD en août 2015. D’ailleurs,
les exportations nettes (exportations-importations) de produits et services affichaient
un excédent de 213 Mds USD en 2012 pour atteindre………..359 Mds USD en août 2015
en près de trois trimestres !
La
zone Euro est devenue une zone de stagnation. Après avoir subi la valorisation
artificielle du Dollar (notamment dans son change avec le rouble), l’inflation
nulle semble aussi l’impacter. Il faudra bien entendu attendre les chiffres de
fin d’année mais la demande de consommation semble nulle comme le révèle le
taux d’inflation. Cela aura des conséquences sur le niveau des importations
provenant tant de la zone nord-américaine que de la zone Asie du Sud-Est (où
l’on retrouve l’inquiétude de Pékin sur un tassement possible de la demande s’il
y a un renchérissement du renminbi) mais aussi sur les exportations.
Une
entreprise sauf à être mondiale ne peut s’abstraire de son marché intérieur. Si
le bénéfice provenant de son marché intérieur baisse, elle réduira ses coûts de
développement sur l’exportation ce qui aura pour conséquence une baisse de
volumes de celles-ci et un tassement de l’Euro (moins de ventes donc moins
d’achats de devise européenne par les importateurs étrangers). Cette hypothèse
devra être vérifiée dans les prochains mois.
La
zone USD stagne elle aussi. Les tentatives de spéculation contre le rouble et
la survalorisation des entreprises ne peuvent plus masquer une inflation nulle
depuis le début d’année. Le S&P 500 a perdu plus de 8% depuis la mi-août
impactant évidemment les autres marchés en Asie du Sud-Est et en Amérique
latine.
Que
nous regardions les marchés sud-américains (Argentine, Brésil, Mexique, Chili,
Venezuela ou Colombie) ou ceux du sud-est asiatique (Corée du Sud, Taïwan,
Malaisie, Indonésie, Singapour, Thaïlande et Inde), nous constatons des baisses
de respectivement 15% en moyenne et de plus de 20% (Le MSCI Asia Region hors
Japon a enregistré une baisse de -27,45% depuis Mai 2015).
La
chine et ses satellites asiatiques comprennent que les marchés OCDE sont au
bord de la déflation. Les marchés actions asiatiques comme sud-américains ont
anticipé ce fléchissement.
En
conclusion, cette baisse de l’activité des économies développées vers les
économies émergentes se confirme par un index BDI perdant entre août et
septembre 32,97% et repassant sous la barre des 900 points à fin septembre. Il
y avait moins de 60 vraquiers en contrat sur les sept premiers mois de l’année soit
une chute de 91% par rapport à 2014 sur la même période (il y en avait
plus de 1200 en 2013). Les commandes ont
ainsi chuté de plus de 20% depuis le premier trimestre, baisse de la demande en
minerai de fer et en charbon selon la Drewry Shipping Consultants mais aussi en
cuivre, en aluminium, en zinc et en étain, en somme tout ce qui constitue la
fabrication des produits de grande consommation.
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