lundi 11 février 2013



Pourquoi la vacillation est devenue l'état de normalité du monde?

Réponses en quelques points:


1) La monnaie n'a de valeur que relative étant fonction des transactions de biens ou de services: la masse monétaire est la contrepartie d'une somme d'échanges autrement dit d'un PIB (si tant est que ce dernier soit encore opérant sur le plan comptable!). La spéculation voire la création monétaire sans croissance commerciale n'ont donc économiquement pas de sens: dans un cas, une économie est attaquée sur son taux de change minant in fine la confiance dans celle-ci, dans l'autre, la monnaie se déprécie avec un risque d'hyperinflation.  

2) En Europe depuis la crise des sub-primes et contre toute attente (tant sur le plan légal qu'économique), la BCE joue le même jeu que la FED: initié par Trichet et poursuivi par Draghi, le taux de refinancement reste quasi-nul alors même qu'une inflation par les coûts (résultant tant de la rareté que de la spéculation) et par la demande (politique de préts bancaires facilitée depuis la crise internet de 2001) a cours (2,5% en France dont 11% pour les fruits et légumes depuis 2011; aprox. 4,5% dans l'Eurozone). Quand les prix augmentent dans une économie stagnante, la masse monétaire doit être maîtrisée afin d'éviter tout risque de dépréciation (en l'occurrence une perte de valeur de l'Euro).

3) Sur la demande des banques européennes, le taux de refinancement de la BCE a été maintenu bas pour les raisons suivantes:

- Face à des bilans détériorés (immobiliers, sub-primes, produits dérivés toxiques), les banques ont besoin de liquidités entre elles d'une part et pour le fonctionnement de leurs activités de trading d'autre part.

- Les Etats membres affectés par la nécessité de sauvetage de leurs systèmes bancaires et par voie de conséquence par l'explosion des faillites d'entreprises, elles-mêmes un effet collatéral du gel des crédits (baisse des rentrées fiscales, augmentation des dépenses publiques pour le traitement social du chômage) ont dû faire pression sur la BCE pour le développement sans le dire d'un QE européen.

- Le refinancement s'est fait progressivement par d'une part l'augmentation de la contribution des Etats membres à l'Eurozone via le FESF et le MES et par d'autre part l'augmentation des dépôts des banques à la BCE: l'actif de celle-ci tout en se gonflant se détériore par la reprise de créances toxiques dont l'évaluation reste dépendante de la reprise impossible de l'économie!

- Au final, le système bancaire de l'Eurozone est stabilisé (à l'instar de celui américain) avec pour résultantes premièrement le gel des crédits auprès des entreprises et des particuliers (le refinancement stabilise mais n'efface pas un montant d'actifs toxiques d'un multiple inconnu du PIB européen!) et deuxièmement  une reprise de la spéculation tant sur la dette souveraine que sur les matières premières et autres "commodities". 

- On peut affirmer en l'état que les taux d'intérêts ont augmenté non pas facialement mais en valeur réelle, l'accès au crédit étant devenu extrêmement difficile (conséquences sur l'économie marchande et l'immobilier). 

3) La neutralisation de la création monétaire étant hypothétique doublée d'une récession due fondamentalement à la déflation salariale à l'échelle mondiale et au maintien de rendements financiers élevés, le risque d'hyperinflation dans l'Eurozone est grand sauf: 

- à remonter les taux d'intérêt de la BCE rétablissant le rapport monnaie-PIB mais accentuant les chutes de l'immobilier et de l'économie réelle (faillites, désindustrialisation);

- à accentuer des pare-feux artificiels de type institutionnel (MES, fédéralisme, politiques d'austérités, bailouts) de manière à maintenir la confiance des investisseurs (les banques) dans l'Euro.

- à éviter tout défaut tant public que privé (renflouement de banques, "socialisation des pertes") et a fortiori à conforter les places financières que le seul avenir pour le monde passe par elles!!

4) Anticipation:

- Une stagflation/récession reste envisageable pour les Etats: revenir à des politiques économiquement saines (remontée des taux d'intérêts, neutralisation de la finance, intervention  publique, retour à une monnaie composite,etc) reste trop coûteux électoralement (pertes des soutiens financiers aux politiques);

- Renforcement du fédéralisme et perte de souveraineté vont devenir des garanties de maintien au pouvoir des partis de gouvernement: la déresponsabilisation devient un moyen de se maintenir en place.

- Accentuation du contrôle des médias sur les opinions dans le sens du fédéralisme: attaque des idées de nation, de souveraineté et de frontière, montée du communautarisme (l'Islam en France, droit de vote des étrangers) et dans le sens du marché ("le marché peut tout", vente de biens publics, notion d'assistance, flexisécurité, etc).

- Diversion des Etats (instrumentalisation de l'islamisme, projets sociétaux de type "mariage pour tous",etc).

5) Anticipation en terme de facteurs:

- Chômage et pauvreté grandissants
- Immobiliers poursuivant sa baisse; loyers en augmentation, statut quo (voire agitation) sur le logement; pas d'augmentation des APL, des prêts à taux zéros,etc).
- augmentation de la violence urbaine et émeutes (sociales, raciales)
- développement de la privatisation de la sécurité.
- désenchantement de la population sur les partis de gouvernements (PS; UMP)
-  Risques de dissolution de l'AN par Hollande, risques de démissions multiples
-  Risques de confrontations sociales dures et perte de légitimation du PS.