Anticipation sur les marchés actions via
le PER.
Pour
mémoire, le Price Earning Ratio ou PER est le rapport entre la valeur de
l’action d’une société et son bénéfice net. Quand le ratio monte, cela signifie
que la valeur de l’action s’apprécie beaucoup plus que la valeur réelle de
l’entreprise, soit dit autrement:la valeur boursière est plus élevée que ce que
rapporte réellement celle-ci. Il se peut même qu’il y ait pour un temps une
déconnection entre la baisse du bénéfice et la valeur de l’action, l’écart
pouvant provenir de prospectives positives à terme, de rachats, etc.
Si
le ratio reste constant cela signifie que les deux valeurs sont corrélées. Si
le ratio baisse, cela signifie que l’entreprise est appréciée à sa juste valeur
mais aussi que son bénéfice baisse voire qu’il y ait des pertes ou des
prospectives négatives.
Le
PER calculé par le Pr Shiller prend en compte une moyenne du bénéfice des dix
dernières années moins l’inflation. Il nous donne une vision relativement
pertinente de l’évolution du S&P depuis le début des années 80 et nous
permet d’envisager un crash (ou non) du Système.
Un
ratio correct se situe entre 15 et 20 points; au-delà, nous entrons dans une
phase spéculative. Un petit rappel chronologique nous permet de faire une
prospective, à tout le moins d’énoncer quelques alternatives ayant trait à
l’évolution du PER sur une longue période.
1)
Le 11 Janvier 1994: entrée dans une zone spéculative à 21,41, PER qui s’est
maintenu un peu plus d’un an en plateau
jusqu’à avril 95 (21,64).
2)
Croissance continue du PER pendant quatre ans jusqu’à décembre 1999 atteignant
un pic inédit depuis 1929 de 44,19.
3)
Chute du PER en quatre ans pour retomber à 21,31 en mars 2003.
4)
Au 1er janvier 2004, le PER se stabilisait à 27,66 pour y rester 3 ans et 3
mois jusqu’à mai 2007 avant de s’effondrer.
5)
Spéculation depuis les premiers mois de 2010 (21,80 en avril de cette année)
après une croissance continue de 13 mois à partir du plancher de mars 2009 à
13,32.
6)
En février 2015 nous retrouvons le même pic qu’en mai 2007 (27,55), lequel s’est
mué depuis en plateau jusqu’à aujourd’hui. Une suite de rebonds/fléchissements
de faible ampleur (26,40 au 19/08 contre 26 au 1/07/15, 26,85 en mai contre
26,79 en avril) constelle cette ligne et peut se transformer en une baisse
assez lente dans un premier temps puis accélérée dans un second. Nous étions en
effet à 26,50 au 17/08, à 26,40 au 19/08 et à 26,37 au 20/08. Attendons encore quelques jours/semaines pour pouvoir
confirmer cette tendance.
Quelle
conclusion tirer de cette chronologie? Le S&P (et les autres marchés qui y
sont corrélés) a atteint son pic et n’ira pas plus haut dans les mois prochains
car si tel avait été le cas, le PER aurait continué à grimper en février.
Une
double question se pose donc:
- Combien de temps le
S&P restera-t-il à cette hauteur ?
- Et à la pointe de ce
plateau, va-t-il augmenter ou baisser ?
Les
réponses dépendront des facteurs suivants:
1)
La prise de conscience par les marchés de l’impact d’une inflation nulle et de
la baisse de volume du commerce mondial sur le bénéfice.
2)
La mise en place d’un quatrième QE pouvant éventuellement prolonger la phase de
spéculation.
3)
L’organisation monétaire des BRICS à savoir:
- le rôle du renminbi par
rapport au dollar,
- la question de l’or ,
soit
les deux enjeux auxquels la Chine et la Russie devront faire face appellent
trois questions:
-
Est-ce que les BRICS créeront un nouvel étalon monétaire assis sur l’or ?
-
Est-ce que le renminbi deviendra une monnaie internationale donc constamment
valorisée et jouant à la baisse sur les exportations chinoises ou la Chine
continuera-t-elle d’utiliser le dollar et d’être dépendante des USA en
contradiction ultime avec le système BRICS ?
-
Quelle sera la position de la Russie quant à la fluctuation de sa monnaie par
rapport au dollar et à une intégration plus forte de ses exportations au sein
des BRICS en rivalité avec l’OPEP?
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