Grèce : Grexit or not
Grexit ?
Le 20 février 2015 la réunion
de l’Euro-groupe avec le gouvernement grec d’Alexis Tsipras a validé les
propositions du parti Syriza, plan ayant pour objectif en quatre mois de
trouver une plus grande flexibilité dans la mise en œuvre de mesures visant au
remboursement/réduction de la dette, flexibilité principalement obtenue sur le
budget primaire (excédent moins déficit public hors paiement annuel de la dette).
Excepté le fait que le gouvernement Samaras avait l’intention de soumettre un
plan équivalent à Bruxelles, ces quatre mois se solderont, sauf renouvellement,
soit par une renégociation du terme de la dette et son rééchelonnement soit par
un défaut et son annulation pure et simple.
Nous sommes en effet dès le
départ dans le trucage des comptes. En 2013 le déficit public était de 12,2% du
PIB pour se réduire en 2014 à 2,5% du PIB!, tour de passe-passe accompli par le
gouvernement en délestant du budget les charges des institutions financières,
en clair les intérêts et le capital de la dette.
Quelques chiffres méritent à
ce point d’être rappelés: le PIB en 2014 était de 192 Mds€ (après avoir baissé
de plus de 20% depuis 2008) pour une dette de 176% de ce même PIB (337Mds€) autrement
dit une augmentation de 73% en 10 ans contre des recettes fiscales légèrement
positives de 18% et d’une réduction des dépenses publiques de 13% sur la même
période.
Admettons donc qu’il y ait eu
un excédent public de 0,8% du PIB (1,5Mds€) en 2013 et 2014, excédent correspondant à une balance commerciale (biens
et services) positive de 3,12Mds USD en 2014 (après toutefois une baisse
drastique des importations, la balance des paiements étant négative de - 2% -
source OCDE), il reste qu’il faille toujours rembourser aux créanciers près de
25Mds€ par an.
Pour être plus précis, en
contenant un déficit public à 4,5% du PIB (8,64Mds€), il faudrait à peu près 40
ans à la Grèce pour rembourser intégralement la dette ce qui reste bien entendu
une hypothèse d’école ; quand bien
même le gouvernent réussirait à la réduire à 60% du PIB (115Mds€), il resterait
encore 222 Mds€ à rembourser soit plus de 25 ans de paiement en consacrant
l’intégralité du déficit à cette charge procédant d’une rigueur budgétaire
qu’aucun Etat de l’Euro-zone n’est capable de suivre.
Pour qu’il y ait une reprise,
il faut une augmentation des revenus du travail et une baisse in fine du
chômage. Or comment en serait-il possible avec un taux de chômage de 26,6% en
2014 et une baisse depuis 2009 de 14,29% des coûts salariaux unitaires réels?
Pour rappel, le coût salarial unitaire
réel est le rapport entre les salaires réels (salaires moins l’indexation de
ceux-ci sur les prix) et la productivité. Le fléchissement de ce ratio signifie
simplement que les salaires ont baissé drastiquement dans le seul but de maintenir
des gains de productivité constants, gains qui se sont par ailleurs réduits par
rapport à des Etats comme l’Allemagne (écart avec ce dernier de 30% entre 2009
et 2011), autrement dit la Grèce a suivi une tendance globale dans l’Euro-zone
de baisse du salaire réel reflétée par plus de quarante ans de déflation
salariale dans l’OCDE...
Un des moyens déclencheurs
d’une rehausse du salaire réel serait bien évidemment une relance claire et
franche du commerce extérieur grec par un retour à la drachme, la monnaie
européenne étant actuellement surévaluée de 16% (malgré sa baisse récente!)
d’autant plus que la Grèce est tournée à 65%-70% vers le commerce intra-zone et
suppose aussi les sorties conjointes des autres Etats-membres. Quoiqu’il en
soit, même une sortie individuelle serait un accélérateur (1€ est égal à 340
drachmes pour mémoire!) d’une économie dont
la demande de consommation est actuellement en déflation de -2,60% en 2014
après une baisse continue depuis 2010 de plus de 50%. Tant
l’investissement que l’épargne (les deux en chute libre de respectivement 59%
entre 2007-2013 et 68% entre 2003 et 2011) en seraient relancés.
A l’instar de la France, la
procédure pour sortir de l’Euro-zone suivrait le timing suivant induisant des
délais de 48 heures à une semaine maximum:
- Contrôle des capitaux;
- Rachat des dettes publiques sur
les marchés par la banque centrale grecque;
- Mise sous tutelle du système
bancaire;
- Soutien des entreprises
endettées en devise(s) étrangère(s);
- Mise en place d’un fonds
souverain stratégique pour une relance des principaux secteurs de
l’économie;
- Vente d’actifs étrangers et
relance monétaire mesurée afin de soutenir les salaires directs et indirects.
Il est donc tout à fait
possible de sortir de l’Euro au-delà même des débats autour du point de savoir
si une sortie de l’Euro-zone implique ou non celle automatique de l’Union
Européenne; nous en sommes cependant pas moins très loin de la position officielle
de Syriza qui n’a, à aucun moment, parlé d’un éventuel « Grexit ». Créé
il y a plus d’un an, Syriza n’est pas un parti uniforme et se compose de trois courants
politiques dont le plus important est celui de la gauche modérée (ayant son
équivalent français dans la gauche du PS, les « frondeurs » en
quelque sorte), les deux autres se situant par une même analogie à ce qu’est
devenu le PCF (parti de gouvernement du PS) et au Front de Gauche pour la
partie la plus radicale.
Syriza affirme avoir le mandat
du peuple pour négocier avec la Troïka sans quitter la zone euro ce qui nous semble
déjà compromis poussant dès lors les plus radicaux à demander un retour à la
drachme, solution en rupture avec la position d’Alexis Tsipras et de son
ministre des finances Yanis Varoufakis. Si pour autant, une solution n’est toujours
pas trouvé d’ici juin, de nouvelles élections et un référendum devront être
organisés pour obtenir la légitimité populaire à une sortie et à la rupture
diplomatique avec Bruxelles. A défaut d’un retour aux urnes, l’austérité sera
remise de plus belle par la Troïka, Syriza implosant et laissant très
probablement la place à des partis plus radicaux en l’occurrence les néo-nazis
d’Aube Dorée. Si tel est le but, Bruxelles en portera la responsabilité
indéniable.
Sources:
please feel free to write in english instead of using a translator. It will be better for our mutual understanding.
RépondreSupprimer