jeudi 20 août 2015

Anticipation sur les marchés actions via le PER.


Pour mémoire, le Price Earning Ratio ou PER est le rapport entre la valeur de l’action d’une société et son bénéfice net. Quand le ratio monte, cela signifie que la valeur de l’action s’apprécie beaucoup plus que la valeur réelle de l’entreprise, soit dit autrement:la valeur boursière est plus élevée que ce que rapporte réellement celle-ci. Il se peut même qu’il y ait pour un temps une déconnection entre la baisse du bénéfice et la valeur de l’action, l’écart pouvant provenir de prospectives positives à terme, de rachats, etc.

Si le ratio reste constant cela signifie que les deux valeurs sont corrélées. Si le ratio baisse, cela signifie que l’entreprise est appréciée à sa juste valeur mais aussi que son bénéfice baisse voire qu’il y ait des pertes ou des prospectives négatives.

Le PER calculé par le Pr Shiller prend en compte une moyenne du bénéfice des dix dernières années moins l’inflation. Il nous donne une vision relativement pertinente de l’évolution du S&P depuis le début des années 80 et nous permet d’envisager un crash (ou non) du Système.

Un ratio correct se situe entre 15 et 20 points; au-delà, nous entrons dans une phase spéculative. Un petit rappel chronologique nous permet de faire une prospective, à tout le moins d’énoncer quelques alternatives ayant trait à l’évolution du PER sur une longue période.


1) Le 11 Janvier 1994: entrée dans une zone spéculative à 21,41, PER qui s’est maintenu  un peu plus d’un an en plateau jusqu’à avril 95 (21,64).


2) Croissance continue du PER pendant quatre ans jusqu’à décembre 1999 atteignant un pic inédit depuis 1929 de 44,19.


3) Chute du PER en quatre ans pour retomber à 21,31 en mars 2003.


4) Au 1er janvier 2004, le PER se stabilisait à 27,66 pour y rester 3 ans et 3 mois jusqu’à mai 2007 avant de s’effondrer.


5) Spéculation depuis les premiers mois de 2010 (21,80 en avril de cette année) après une croissance continue de 13 mois à partir du plancher de mars 2009 à 13,32.


6) En février 2015 nous retrouvons le même pic qu’en mai 2007 (27,55), lequel s’est mué depuis en plateau jusqu’à aujourd’hui. Une suite de rebonds/fléchissements de faible ampleur (26,40 au 19/08 contre 26 au 1/07/15, 26,85 en mai contre 26,79 en avril) constelle cette ligne et peut se transformer en une baisse assez lente dans un premier temps puis accélérée dans un second. Nous étions en effet à 26,50 au 17/08, à 26,40 au 19/08 et à 26,37 au 20/08.  Attendons encore quelques jours/semaines pour pouvoir confirmer cette tendance.


Quelle conclusion tirer de cette chronologie? Le S&P (et les autres marchés qui y sont corrélés) a atteint son pic et n’ira pas plus haut dans les mois prochains car si tel avait été le cas, le PER aurait continué à grimper en février.

Une double question se pose donc:

- Combien de temps le S&P restera-t-il à cette hauteur ?

- Et à la pointe de ce plateau, va-t-il augmenter ou baisser ?

Les réponses dépendront des facteurs suivants:

1) La prise de conscience par les marchés de l’impact d’une inflation nulle et de la baisse de volume du commerce mondial sur le bénéfice.


2) La mise en place d’un quatrième QE pouvant éventuellement prolonger la phase de spéculation.


3) L’organisation monétaire des BRICS à savoir:

- le rôle du renminbi par rapport au dollar,

- la question de l’or ,

soit les deux enjeux auxquels la Chine et la Russie devront faire face appellent trois questions:

- Est-ce que les BRICS créeront un nouvel étalon monétaire assis sur l’or ?


- Est-ce que le renminbi deviendra une monnaie internationale donc constamment valorisée et jouant à la baisse sur les exportations chinoises ou la Chine continuera-t-elle d’utiliser le dollar et d’être dépendante des USA en contradiction ultime avec le système BRICS ?


- Quelle sera la position de la Russie quant à la fluctuation de sa monnaie par rapport au dollar et à une intégration plus forte de ses exportations au sein des BRICS en rivalité avec l’OPEP?

 



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