mardi 3 juin 2014

L'Ukraine ou le pion sacrifié 


Arrivé à l’aéroport Borispol au lendemain des élections du 26 Mai, je trouve celui-ci quasi-désert seulement quadrillé par des militaires acheminant les passagers vers les services des douanes: aucune arme lourde ni d’armes sophistiquées aperçues et un personnel civil vaquant à une activité des plus réduites ! Les vols sont cependant tous maintenus tant à l’international qu’en intérieur. Aucun avion militaire ni de cordons de sécurisation autour de l’aéroport vus.

Débarqué à Odessa après un vol d’une heure dans des conditions des plus correctes, les militaires d’âge moyen sont encore en nombre mais réduits à une simple activité de surveillance des passagers vers les salles d’arrivée! Une fois en ville, il est facile de remarquer les hôtels totalement désertés par une clientèle russe ayant compris qu’elle était persona non grata ! Odessa continue de vivre cependant dans l’atmosphère festive qui la caractérise et ce malgré la tragédie de la Maison des Syndicats et une économie réduite à son point mort : l’activité portuaire est en effet totalement à  l’arrêt ainsi que le trafic ferroviaire de marchandises (bois et acier essentiellement).

L’Etat par ses services publics (trains, bus, trams) continue de fonctionner normalement  traduisant une organisation administrative encore en place et le paiement des salaires aux employés et fonctionnaires. Doués d’une capacité de résistance forte à l’adversité, les ukrainiens vaquent normalement à leurs occupations et donnent à n’importe quel observateur une impression de passivité.  Je n’ai pas remarqué le moindre slogan, tag ou affiche pro ou anti Maidan ce qui me laisse perplexe dans un premier temps. En discutant avec certains Odessites, les gens du Sud-Est de Kherson à Zaporojie et de Mykolaïv à Vinnytsia sont favorables à une Ukraine unie et n’ont visiblement que faire des manifestations nationalistes ou russophobes. La cinquantaine de morts carbonisés de la Maison des Syndicats n’ont visiblement pas déclenché de mouvements de rejets des politiques en place à Kiev et seuls quelques rassemblements ont pu être aperçus, rassemblements comparables à un appel à une grève le jour d’un départ de vacances en France ! Alors que l’Ukraine est en quasi-faillite, personne ne semble s’en soucier comme si se fondre dans sa routine semblait suffire à s’abstraire du chaos ambiant.

Cette torpeur, Kiev visiblement en a conscience puisqu’il n’y a aucun check-point à l’entrée de la ville ni d’ailleurs dans la ville voisine de Kherson; seuls des contrôles inopinés sont faits à Mykolaïv et quelques barrages ont été mis en place à la frontière avec la Transnistrie.

Ce qui est sûr aussi est que Kiev compte sur l’absence de toute espoir d’un changement politique national tant l’élection présidentielle du 26 a été truquée: comment pourrait-il y avoir la moindre réaction lorsque l’on sait à l’avance que Petro Porochenko sera élu? Bien au contraire des mouvements d’opposition ou de rejet peuvent se déclencher quand les résultats après une procédure acceptable sont falsifiés ou annulés comme ce fut le cas en Algérie en décembre 1991. Ici tout a été au contraire organisé pour que les gens soient découragés et s’abstiennent de voter : interdiction en cours du Parti Communiste par le président Oleksandr Tourtchinov et le procureur général Oleg Makhnitski, mise à l’écart d’Oleg Tzarev, député du Parti des Régions au parlement, de Mikhail Dobkine, candidat officiel du Parti des Régions, de Piotr Simonenko, premier secrétaire du PC Ukrainien ainsi qu’un certain nombre de personnalités politiques telles que Arsen Klintchaev, Anton Davidtchenko, Youri Appoukhtine ou Konstantin Dolgov. Finalement le seul point positif a été les scores quasi-nuls des candidats de Svoboda et de Pravy Sektor mais j’y reviendrai plus loin.

Intéressant également de noter que le résultat aux élections municipales d’Odessa tenues le même jour que les élections nationales ( !) fut la victoire du candidat pro-Kiev Gennady Trukhanov contre le maire sortant anti-maidan Eduard Gurvits après un décompte des suffrages des plus douteux (en fait au quasi-terme des votes, aucun candidat n’apparaissait gagnant ce qui visiblement a « profité » à Trukhanov ! Malgré des tensions dans la rue au vu de manipulation à peine voilée, les manifestants se sont calmés sur l’injonction d’Igor Palitsya le gouverneur d’Odessa et soutien indéfectible de Kiev dans l’oblast.

Les odessites comme la plupart des ukrainiens du Sud-Est sont assurément bien conscients de cette farce électorale et de ce régime oligarchique grotesque. Ce qu’il faut comprendre c’est tant le rejet par cette population russophone de la mainmise de l’Union Européenne et de tout ce qu’elle représente dans son ultralibéralisme et son décadentisme mais aussi de la Russie: tout en acceptant l’héritage de la culture russe, l’indépendance de 1991 et le sentiment malgré tout de faire partie d’un même peuple sont largement partagés. La volonté de rester unis est un élément très fort de l’identité et se heurte frontalement aux idées vaines et dangereuses d’un faux peuple européen et d’un internationalisme des marchés de capitaux et de travailleurs. Contrairement à ce que peuvent prétendre les journaux faussaires d’ici, être russophone ne signifie en aucun cas être russophile mais bien un moyen de participer au rapprochement de chaque ukrainien, d’unifier le pays par de là ses traditions locales  et la diversité culturelle de ses travailleurs. Le but de chacun ici est d’éviter le chaos, un chaos si présent dans la mémoire collective de l’Est comme de l’Ouest mêlant tant l’extermination des slaves et des juifs par les Einsatzgruppen SS et les Roumains d’Antonescu que l’Holodomor perpétré par l’URSS de Staline. Il vaut mieux ici s’accommoder d’une démocratie déficiente et corrompue que de vivre dans un monde nous rappelant la souffrance qu’a connu chaque famille ukrainienne.

Au moment pourtant où cette volonté de vivre à tout prix s’affiche dans les rues d’Odessa, les bombardements dans le Donbass s’intensifient !, au moment où le chouchou du bloc américano-occidental (pour reprendre la terminologie de Philippe Grasset) est élu, des opérations sanglantes contre des populations civiles sont menées en son nom !, la question est donc de nouveau posée : pourquoi les ukrainiens du Donbass se soulèvent-ils alors que la passivité est de mise dans le Sud-Est ?

Pour un observateur raisonnablement informé, les différences économiques entre le Sud-Est et l’Est sont importantes et expliquent la réaction du Donbass.  Si les régions d’Odessa et de Kherson sont dépendantes d’une activité portuaire et de chantiers navals réduits désormais au silence voire d’un tourisme aujourd’hui anémique, le Donbass produit approximativement 80% du PIB de l’Ukraine !: toute la redistribution fiscale vers Kiev, le Sud-Est et l’Ouest part du Donbass et plus précisément de villes comme Donetsk ou Lugansk. Autrement dit lorsqu’une nouvelle politique est mise en place mêlant néonazisme, ultralibéralisme et une tutelle de facto de l’UE, des USA et du FMI, la réaction de populations  immergés dans une vie politique autour du Parti des Régions et du PC est aisément prévisible d’autant que les signes ou symboles nazis sont un rappel aigu d’un passé de larmes et de combats contre les offensives de la Wehmacht et des Einssatzgruppen. Le séparatisme affirmé bêtement par les médias européens n’est en fait qu’une protection contre  une tentative illégitime de mainmise des richesses par un pouvoir non seulement anti-démocratique mais relevant d’une idéologie inacceptable ici. Il ne s’agit donc pas de séparatisme mais bien de résistance à un ordre dépravé, résistance nourrie dans son histoire récente par la montée à Kiev en 1996 de ses mineurs.  Qu’en fin de compte des civils s’organisent et soient pris en main par la suite par des ex-militaires ou des militaires ayant fui l’armée régulière est logique mais malheureusement ces effectifs restent insuffisants pour reprendre le contrôle de villes comme Donetsk ou Dniepropetrosk.

Diviser son propre peuple suppose une force idéologique introuvable en Ukraine expliquant les ratages de Kiev dans son impossibilité à pousser des conscrits ou des militaires de carrière à tirer sur des civils! Au-delà du coup d’Etat de février 2014, il n’y a rien d’autres qu’un mélange malodorant de nazisme newlook et d’ultralibéralisme mafieux ne représentant  à l’échelle nationale moins de 1% des suffrages. Qu’ils aient voulu imposer une culture de tradition ukraino-polonaise et une langue ukrainienne alors que 80% du pays ne parle en réalité que l’Evrei, un dialecte mêlant ukrainien et russe est profondément stupide et traduit une absence totale de culture politique!! Il n’y a donc aucun avenir à ces Tiagnibok ou Parubiy si ce n’est de se mettre au ban de leur propre peuple!

Ce qui est aussi sûr pour le gouvernement Iatseniouk/Porochenko est de pouvoir contrôler toute cette région centre/Sud-Est sur une ligne de Kiev à Odessa afin de repousser toute infiltration hypothétique des insurgés. La surveillance policière par voitures banalisées ou dans la rue reste donc un impératif   expliquant la réaction étouffée des partisans de Gurvits : chacun sait ce que veut dire l’appel au calme du gouverneur Igor Palitsya, celui-là même qui a fait venir la veille du massacre de la Maison des Syndicats Andrey Parubiy pour organiser cette « Aktion » dont le but fut tout simplement d’avertir à toutes fins utiles le marquage d’un territoire dont les quatre angles sont Odessa, Kiev, Kharkhov et Dniepropetrosk !

Bizarre cette vision d’une ville dont les hôtels balnéaires sont tous quasi-vides, le mien notamment et dont le responsable vient me saluer la mine toute embuée d’alcool et de nuits sans sommeil. Il m’explique qu’il espère le retour des russes pour la saison estivale en y croyant lui-même moyennement. La grande gagnante il est vrai est Sebastopol, la magnifique capitale côtière de la presqu’île de Crimée, cette dernière réunissant 80% de russes à savoir des ukrainiens ayant double passeport : un ukrainien et une carte d’identité russe à la différence du continent où ce que l’on nomme des russes sont en réalité des ukrainiens avec une ascendance matri/patrilinéaire russe leur permettant de faire une demande officielle de passeport russe sans aucun problème.

Arrivé à Kiev le 28 Mai, mon chauffeur me mène dans la ville par une autoroute engorgée de similis barrages pour débarquer à Basseynaya Street en haut de l’avenue Kresciatic dans une ambiance affairiste des plus désespérément normale! De retour de l’Hôtel, je débarque à mi-hauteur de Kresciatic vers Maidan et la Rada et l’atmosphère change du tout au tout ! En fait parler d’atmosphère relève plus d’une figure de style que d’un choix réel de désigner les choses par leur nom : je pense immédiatement à Marcel Duchamp et à son urinoir exposé tel quel comme ultime œuvre d’art d’une époque post-tout (moderne, démocratique, capitaliste, fasciste, etc). Ce que nous voyons de Maidan n’est en réalité qu’un champ de stigmates rappelant une lutte qui fut et qui a disparu, finalement l’évocation paradoxale des mises en scènes de propagande dans l’URSS ou dans les Etats du Pacte de Varsovie. Kundera aurait apprécié je pense ce rapprochement.








Tous ces gens, hommes ou femmes, mal lavés en treillis usés jusqu’à la corde sont les personnages d’une gigantesque scène occupant tout l’espace public, un espace qui dans une démocratie est le lieu de rencontre des opinions et des idées ici réduit à un terrain vague aux seules couleurs noires et rouges de l’OUN-B. Bref ce n’est qu’une misérable foire à la gloire néonazie de Pravy Sektor et de Svoboda et n’est là que pour contrôler la colère de ces jusqu’aux boutistes que le Ministère de l’Intérieur aura payé pour qu’ils tiennent la rue.          Triste déballage de manipulations hors du temps que l’on aurait cru à jamais oublié : pas la moindre idée mais des slogans de haine russophobes placardés pour des « manifestants » ayant décidé d’occuper l’espace démocratique avec l’aval du gouvernement, voyant dans cet espace qu’un camp dont les limites indistinctes sont la pérennité de l’administration néonazie et la poursuite du vol de la chose publique par les oligarques alliés de l’UE et des USA. 






Dans n’importe quelle démocratie, un changement présidentiel entraînerait également de nouvelles élections législatives de manière à ce qu’il y ait au moins concordance politique avec le gouvernement et le parlement mais pas ici !: il est seulement prévu un vote éventuel de la Rada pour de nouvelles élections qui remettrait en question évidemment la répartition actuelle de celle-ci et le gouvernement en place dont les composants n’auraient jamais pu accéder au pouvoir dans le cadre d’un suffrage universel !!

Maidan c’est en fait le symbole de ce que n’importe quel démocrate rejette mais est uniquement là pour décourager les ukrainiens et les réduire à l’abstentionisme et la passivité.  Quand on voit des villes aussi importantes que Donetsk, Lugansk, Dniepropetrosk ou Odessa dans l’incapacité de fournir les effectifs nécessaire à un renversement, on peut penser que la stratégie de Kiev est gagnante.

Et pourtant le Donbass ! La volonté de se préserver contre un pillage en règle a été une détermination pour s’organiser mais n’est visiblement pas suffisante. Terre d’immigration de plus d’une centaine de nationalités unifiées par la langue russe, les mineurs ont pu survivre grâce aux subventions octroyées par l’Administration Yanoukovitch et que le gouvernement Iatseniouk va supprimer sous la pression du la Banque Mondiale et du FMI. En fait les habitants du Donbass sont mis sous pression non seulement par Kiev mais aussi par leur relais locaux à savoir les oligarques Rinat Akmetov et Serguë Tarouta.  La question n’est donc pas de savoir s’il faut une fédéralisation mais bien de savoir quelle Ukraine les ukrainiens veulent vraiment à savoir unie ou scindée. La fédéralisation n’est qu’une solution administrative de répartition des pouvoirs économiques et politiques mais est absolument inefficiente à partir du moment où une partie d’un peuple ne peut plus vivre avec l’autre ! En fait la situation ne peut trouver de solution qu’à partir du moment où la démocratie est restaurée, celle-ci étant non pas l’organisation d’un suffrage universel mais bien l’organisation de débats et de confrontations d’idées. Cette pacification par les idées et la reprise en main de son destin est la garante d’une sortie de crise ; la poursuite du régime en place ne mènera nulle part sinon à la faillite et à une guerre civile étendue tôt ou tard au Sud-Est.

Une baisse de 2% du PIB et une dépréciation de plus de 15% du Hryvnia, une évacuation de la population de Slaviansk vers la Crimée, une perte économique dans le Donbass et le Sud-Est, un régime putschiste mais tout cela pour quoi faire ? et quelles seront les conséquences dans les relations des ukrainiens avec leurs voisins à commencer par la Crimée ? Comment peut-on croire un seul instant que l’identité de la Crimée est forcément russe sans avoir été irriguée par une culture locale forte comprenant non seulement la Crimée mais toute la Côte jusqu’à Odessa et au-delà ? Comment psychologiquement les ukrainiens vont-ils vivre cette séparation en étant obligés soit de se procurer un passeport russe soit d’avoir un visa ? Comment les Criméens vont vivre la difficulté de retourner en Ukraine si leurs passeports désormais russes ne leur facilitent pas le déplacement ? En fait tout ceci est une monstruosité et le rattachement de la Crimée la conséquence directe de la politique absurde de Kiev à l’encontre des intérêts stratégiques de la Russie. Les Criméens ne se sont pas déterminés par leur identité de Criméens, celle-ci étant purement fictive et administrative mais bien par peur du retour d’une politique russophobe de Kiev sur eux ! Comment auraient-ils pu rester quand il y a des manifestations antirusses quotidiennes dans la capitale ? Comment le président-poire  pourra-t-il être entendu de Poutine quand dans le même temps ce même président-poire soutient un régime ayant non seulement modifié le regard de la Russie vers l’UE mais aussi discrédité profondément l’idée même démocratique ?!

La provocation à l’intervention de la Russie est en effet la stratégie principale de Kiev dans le Donbass, stratégie soumise dans ces grandes lignes à l’aval de l’OTAN et de la CIA.  La position de la Russie est donc alternative : soit elle intervient et sera perdante dans l’immédiat dans les sanctions économiques (embargo) qui lui seront appliquées soit elle n’intervient pas et la charge de la faillite de l’Ukraine incombera à l’UE tout en ne permettant pas l’installation militaire de l’OTAN sur le territoire ukrainien ce que souhaiterait vouloir dans sa partie civile le complexe militaro-industriel US soit Kerry, Clinton, McCain notamment (Obama étant hors jeu par choix ou non !). 

681 Mds de m3 de gaz produits par les USA contre 656 Mds m3 pour la Russie mais 47570 Mds m3 de réserves prouvées pour la Russie contre seulement 7716 Mds m3 pour les USA (Chiffres de 2012). Dans les 10 premiers pays en réserves de gaz, il y a l’Iran, le Turkmenistan et le Vénézuela soit 62594 Mds m3 à rajouter aux réserves russes soit 110 164 Mds m3 et je ne rajoute pas le Qatar dont l’évolution vers la Russie semble réelle. Pour les alliés des USA à savoir immédiatement l’Arabie Saoudite, les EAU, nous sommes à des réserves incluant les USA de 21 833 Mds m3 soit très loin derrière la Russie.

En pétrole brut la production de la Russie est de 520 Mt (10M de barils/j) contre 544 Mt pour l’Arabie Saoudite. Les USA sont à 9M3 barils par jour. Les réserves de pétrole des USA sont dans une fourchette haute de 30 Mds barrils (2008) alors qu’elles sont de 60 Mds de barils pour la Russie (2011), l’Arabie Saoudite étant la première avec 36,2 Mdst (8,2 Mdst pour la Russie) (2011).

La Russie tend donc à surclasser les USA dans ces deux domaines énergétiques majeurs.

Si nous reprenons l’affaire ukrainienne, le projet de gazoduc Nabucco puis de Nabucco West a été d’acheminer le gaz du terminal de Shah Deniz en Azerbaijan vers l’UE via la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie avec des dérivations possibles vers la Syrie, l’Irak et l’Iran. Ce projet a été monté principalement par une société autrichienne OMV avec des capitaux de fonds US et d’Abu Dhabi. Le projet destiné à être mise en place en 2017 a avorté au profit du Trans Adriatic Pipeline (TAP) reliant l’Azerbaijan à la Turquie avec des fonds norvégiens (Statoil) et allemands (E.ON).  Il s’agit donc d’un revers pour les USA d’autant que les projets russes sont en voie de mise en place. Il y aura le South Stream dès 2015 en partance de Russie et du Kazakhstan pour alimenter l’UE et la France en premier lieu via la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie et la Slovénie. Et le North Stream sur des fonds à 51% de Gazprom (le reste réparti entre les allemands de Wintershall et d’E.ON, les hollandais de Gazunie et les français de GDF). Le North Stream a été mis en service en 2012 pour alimenter du gisement de Ioujno-Rouskoie l’Allemagne en premier lieu et l’UE via les pays baltes.

150 Mds m3 par an sont exportés de Russie via l’Ukraine et la Biélorussie vers l’UE soit 1/3 de ses imports de gaz et 45% des exports russes. La Russie se diversifie par ailleurs avec un accord avec la Chine visant à livrer 38 Mds m3 par an à partir de 2018 suivant en cela sa diversification pétrolière (ESPO) le 29 Août 2010 avec un objectif de 30 Mt par an vers l’Asie Pacifique (par comparaison l’export de pétrole vers l’UE est de 185 Mt par an).

Tout cela pour dire que la Russie s’installe comme acteur majeur dans la détention et la fourniture des deux seules matières premières indispensables au 21ème siècle alors que les USA voient leurs réserves s‘affaiblir tant pour le pétrole que le gaz. L’affaire ukrainienne est donc seulement une tentative pour les USA d’affaiblir la Russie dans son acheminement North Stream et South Stream en la mettant en difficulté par des embargos.

Il y a des objectifs en cas d’intervention de la Russie et en cas de non intervention :

Intervention :

- Le seul objectif des USA est l’embargo du gaz et pétrole russe. La Russie l’a bien compris et cherchera à éviter cela tout en rassurant les clients européens, français et allemands en tête.

- Affaiblissement de la Russie vis-à-vis de la CEI et de l’Asie Pacifique

- Militarisation accrue de l’OTAN aux frontières de l’Ukraine

- Renchérissement du prix du gaz et pétrole pour l’UE ce qui permettrait d’une part de reprendre le projet Nabucco, d’exporter à terme le gaz/pétrole schiste US et canadien vers l’UE devenu un marché captif via l’accord transfrontalier USA-UE.

Non Intervention :

Via le régime de Kiev, la récupération des installations de gaz en Ukraine et l’exploitation du gaz de schiste, l'Ukraine ayant des réserves importantes.

Militarisation de l’Etat ukrainien via armements US. Entretien de la guerre civile sur le modèle irakien. 

Recherche de nouveaux foyers d’insurrection (Azerbaijan, Turkménistan, Kirghizistan).     







(Artem Volokitin)

A suivre



    

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