jeudi 20 février 2014

les commentaires sur les commentaires des événements à Kiev ou la terrible propagande du Système.

J'ai décidé de réagir à ce qui se dit dans la presse française et européenne à savoir un tissu de contre-vérités donnant aux citoyens une vision tronquée et manichéenne. Mon expérience depuis 2009 de l'Ukraine et de Kiev en particulier me donne une grille de lecture qui pourra certainement être utile à ceux qui s'intéressent aux décryptages de la doxa dominante.

Après la Lybie et la Syrie, nous voilà donc en Ukraine car d'après la "presse officielle", c'est l'Ukraine qui se soulève, oppressée par le joug du pro-Russe Viktor Ianoukovitch lançant ses forces spéciales de police à l'assaut d'opposants pacifistes épris de liberté et d'Europe, de bien-être économique et de libéralisme entrepreneurial!! Comment en effet faire avaler tant de bêtises au  bon peuple de France et comment surtout le mépriser à ce point!

Quelles sont les forces en présence? Face au président Viktor Ianoukovitch du parti des Régions élu démocratiquement mais non sans corruption (nombreux cas de votes achetés notamment) se dresse une opposition prenant sa source d'une part dans le Bloc Yulia Timoshenko (parti soutenant l'ancienne présidente incarcérée) et dans le Front pour le Changement d'Arseni Iatseniouk et d'autre part dans le parti Svoboda d'Oleg Tiagnibok. Aux premiers s'est vite rallié l'ex-boxer devenu politicien chef de l'Alliance Démocratique Ukrainienne pour la Réforme Vitali Klitschko, sous la bienveillance de l'Union Européenne (France et Allemagne en tête) et des Etats-Unis. 

Les seconds forment la pointe émergée d'un iceberg à la couleur uniformément brune. Svoboda est en réalité un parti néo-nazi portant encore anciennement (il y a quelques mois) la croix gammée de la division SS Das Reich ayant opéré en Ukraine et essentiellement constituée à ce moment là d'Ukrainiens de Galicie (à l'instar de la Division SS Galicia régulièrement commémorée). Rassemblé autour de la mémoire de Stepan Bandera, chef des nationalistes pendant l'occupation allemande mais relooké aujourd'hui par un discours autour de la protection des plus pauvres et du folklore cosaque (voir l'interview sur novopress d'Andriy Voloshyn, chef adjoint des relations internationales de Svoboda http://fr.novopress.info/155442/crise-ukrainienne-entretien-exclusif-avec-andriy-voloshyn-chef-adjoint-des-relations-internationales-pour-svoboda/), ils sont les chefs de file de groupuscules encore plus radicaux dans une opposition à Ianoukovitch et à une Russie qu'ils abhorrent. 




C'est dans ce cadre que les USA et l'UE ont soutenu politiquement et financièrement cette coalition hétéroclite de Maidan, chaque parti y trouvant une alliance de circonstance, en particulier Svoboda résolument opposé à tout ce qui constitue l'UE à savoir l'ultralibéralisme et le multiculturalisme. Et c'est aussi à cause de ces derniers que les événements ont dégénéré occasionnant aux dernières nouvelles 28 morts et plus de 250 blessés tant chez les opposants que dans les forces de police, cette dernière ayant dû intervenir face à l'hostilité des manifestants la plupart armés (revolvers, armes de chasse avec lunette, cocktail Molotov voire projectiles en tout genre dont des pierres). Il est clair aussi que les troupes de police ont été vite dépassées par l'ampleur de la réaction et ont dû utiliser non seulement des gaz lacrymogènes mais aussi des armes à feu (voir par contraste la répression policière massive à New York du mouvement "Occupy Wall Street" essentiellement composé de jeunes gens pacifistes et assis dans la rue!!). 







La conséquence de tout cela est que la ville est aujourd'hui singulièrement désorganisée, notamment des vagues de voleurs en ont profité pour des pillages d'appartements dans le centre ville. 







Le pays et les principales grandes villes (Lviv, Lugansk, Kherson, Kharkov, Sebastopol, Odessa) ne bougent cependant pas et attendent une réaction d'un pouvoir résolument faible. 

Ianoukovtch principalement empêtré dans ses affinités pro-russes, ses campagnes électoralistes récentes pour reconquérir les régions de l'Ouest autour d'un discours plus national et enfin sa crainte de voir geler ses avoirs en Europe de l'Ouest par les autorités de Bruxelles est contraint à l'immobilisme politique tout en espérant secrètement une intervention de Poutine qu'elle soit symbolique, financière (la Russie vient cependant d'accorder un prêt de 2 Mds $ qui vient d'être suspendu en ce 20/02/2014!) voire militaire (ce qui serait catastrophique pour le pays dans tous les cas). 

La seule question qui se pose est la suivante: est-ce que des activistes peuvent à eux-seuls déstabiliser un pays tout en étant uniquement présent dans une seule grande ville? question en induisant une seconde: n'est-ce pas un prétexte pour pousser à une intervention de la Russie et provoquer la dislocation du pays, but inavoué de l'UE (pré-carré de bas salaires pour l'Allemagne, les français étant des idiots utiles) et des USA (élargissement de l'OTAN, ressources agraires et gazières cf accord signé avec Chevron, affaiblissement de la Russie). 

Le grand perdant d'une scission sera assurément l'Ukraine proprement dite, l'essentielle du PIB étant fait par la partie russophone industrielle de l'Est et qui sera rattachée à la Russie. Cette hypothèse n'est cependant pas à exclure au regard de la volonté récemment renouvelée de la Crimée de se rattacher à cette dernière.

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